Prépa ou pas prépa ?

Théma : Prépa ou pas prépa ?

Premier article sur le thème des classes prépa, nous proposerons prochainement un article sur « Ecole post bac ou Ecole post prépas ? »

"Comme l’attestent cette année encore les chiffres de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés des Grandes Ecoles de management et d’ingénieurs1, le modèle Grande Ecole reste indubitablement un modèle de réussite. A l’heure où l’accès à l’emploi est problématique pour une trop grande partie de jeunes, diplômés ou non, plus de 80% des jeunes diplômés des Grandes Ecoles de management ou d’ingénieurs ont trouvé un emploi dans les 6 mois suivant l’obtention du diplôme (92% dans l’année qui suit), dont 50% avant la fin de leurs études ! Se pose dès lors, à quelques mois des choix d’orientation en enseignement supérieur, la question légitime pour un grand nombre d’élèves et leurs parents : comment accéder à une Grande Ecole et comment arbitrer entre « prépa ou pas prépa ? ». Question traditionnelle assortie d’autres interrogations telles que : « Ai-je le niveau pour faire une prépa ? A-t-il plus intérêt à suivre telle ou telle formation en termes de réussite aux concours ? Est-ce qu’il va s’y épanouir ?».

Avant de donner quelques pistes permettant de répondre à la question, il faut d’abord préciser un postulat de base associé à la question : l’élève projette d’effectuer un cycle long d’études supérieures (niveau Master) en Grande Ecole mais a d’ores et déjà fait le choix3 de ne pas intégrer une école « post bac » ou une école « à prépa intégrée ». Il se questionne donc sur les années précédant l’intégration en Grande Ecole de Commerce ou d’ingénieurs et le choix d’une Classe Préparatoire versus une formation universitaire (Licence 2 ou DUT ou BTS).

Il est aussi nécessaire au préalable de challenger les réponses classiques, d’ordre générique - « c’est la voie royale !» - ou plus individualisées - « votre fils/fille a le niveau pour faire une classe prépa donc … prépa !» - lesquelles ne sont plus satisfaisantes ou suffisantes. Pour la première réponse, il existe en effet désormais d’autres voies d’admission (concours d’admission sur titre après un Bac + 2 en STS, IUT, ou L2 Universitaire) qui garantissent elles aussi un accès à un grand nombre de Grandes Ecoles dès la première année d’école. Pour la seconde réponse, le niveau requis est une condition pour suivre une classe préparatoire et non une raison en soi ! On peut prétendre à une Classe Préparatoire parce qu’on est un bon élève, mais en revanche ce n’est pas parce qu’on est un bon élève qu’on doit impérativement effectuer une Classe préparatoire !

Comment donc répondre à la question ou tout au moins aider à la prise de décision ?

Par expérience, la prise de décision nécessite de s’interroger sur plusieurs questions clés. En fonction des réponses, il est plus facile de se déterminer sur l’intérêt ou non de suivre une classe préparatoire !

La première question est liée au niveau d’ambition de l’élève. A-t-il une ambition « standard » ou élevée ? Prosaïquement, souhaite-t-il obtenir un Master ? Intégrer une Ecole d’ingénieurs ou de Commerce ? Ou au contraire ambitionne-t-il d’intégrer une des meilleures Ecoles d’Ingénieurs ou une Grande Ecole de Commerce prestigieuse ou l’ENS ? Clairement, plus l’ambition est élevée, plus la classe préparatoire est la réponse pertinente. A noter par exemple pour la filière Economique et commerciale, qu’HEC, l’ESSEC, l’ESCP Europe, l’EM Lyon ou encore AUDENCIA ne recrutent en première année que des élèves de classes préparatoires ! Autre exemple pour la filière scientifique, les Ecoles Normales Supérieures ne recrutent  qu’après une classe préparatoire scientifique.

La deuxième interrogation a trait au niveau d’exigence que se fixe l’élève. Est-il « standard » ou très élevé ? Par exigence, il faut entendre : performance académique, qualité et implication des autres étudiants, qualité et implication des enseignants, goût de la compétition et de l’émulation, …. La classe préparatoire est un moment de vie unique, dédié au travail intellectuel et partagé avec une communauté d’étudiants et d’enseignants de très haut niveau. Par exemple, à Stanislas Cannes, plus de 96% des élèves de Classes Préparatoires ont obtenu une mention au Baccalauréat et 80% une mention TB ou B. De la même manière que pour un sportif de haut niveau l’INSEP est vu comme une structure d’entraînement évidente, pour un « étudiant de haut niveau » la classe préparatoire est une structure d’enseignement adaptée…

La troisième question est relative au contenu de la formation. On a souvent tendance à occulter cette question alors qu’elle est essentielle ! On privilégie toujours en effet le côté préparation de la classe préparatoire, et ce fort légitimement, la finalité étant … un concours. Mais c’est aussi une formation, dont le contenu servira le futur ingénieur, manager, dirigeant ou entrepreneur ! Les savoirs acquis seront plus qu’utiles et valorisables pour son avenir : que ce soit l’économie et la culture générale pour les prépas commerciales, les sciences physiques et industrielles pour les prépas scientifiques, mais aussi les langues étrangères ou encore les mathématiques (statistiques, probabilités, etc.) dans les deux cas… Sans parler des savoir-faire indispensables à tout futur dirigeant : capacité de modélisation, de conceptualisation et d’abstraction, capacité d’analyse, capacité de synthèse, capacité de communication écrite et orale, capacité de raisonnement et d’argumentation, esprit critique ..., ni même évoquer les savoir-être tout aussi cruciaux et intrinsèquement liés au modèle de la Classe Préparatoire : organisation, rigueur, planification, capacité de travail, gestion du stress, gestion des priorités et urgences, etc...

Concrètement, l’étudiant préfère-t-il développer et approfondir sa culture générale, économique ou scientifique, et les compétences évoquées ou bien faire le choix d’acquérir des bases techniques (commerciales, comptables, génie thermique, électronique….) ou au contraire s’intéresser à des savoirs disciplinaires (économie, droit, mathématiques, sciences physiques,…) ? Dans le premier cas, la Classe Préparatoire est la réponse. Pour reprendre une citation célèbre d’Abraham Lincoln, « Que l’on me donne six heures pour couper un arbre, j’en passerai quatre à préparer ma hache », la Classe Préparatoire permet à l’étudiant de « s’affûter » avant l’exercice des responsabilités à venir.

Enfin la dernière question, moins évidente mais tout aussi importante, est celle de l’envie ou du besoin d’accompagnement. L’étudiant a-t-il envie ou besoin d’être autonome et indépendant et « libre » dans sa démarche de formation ou au contraire être très encadré et accompagné (suivi académique, taux d’encadrement, services associés, etc.) ? La Classe Préparatoire de par ses effectifs (classe de 40 élèves voire de 30-35), sa méthode (ex : colles, évaluations régulières, travaux dirigés ou pratiques par groupe réduit de 15-20 élèves) et sa finalité requiert et permet un encadrement serré et de haut niveau. Et offre souvent de surcroît, et ce très loin des idées reçues, un accompagnement bienveillant ! L’exercice est autant ardu et frustrant quant aux notes reçues en début d’année, que l’épanouissement et les liens créés entre étudiants, enseignants et accompagnants sont forts et durables !

Pour résumer : si l’élève est ambitieux, exigeant vis-à-vis de lui-même et de ceux qui l’entourent, veut approfondir et développer sa culture générale et souhaite être très accompagné, la Classe Préparatoire lui tend les bras ! Si à l’inverse, il ne se retrouve pas dans aucune de ces intentions, à lui de privilégier d’autres voies qui lui correspondront mieux ! Et, « dans l’entre deux », (à moins de trouver des formations, très rares, qui permettent simultanément d’obtenir un titre de l’enseignement supérieurtout en préparant les concours d’admission sur titre, ce qui est le cas par exemple du BTS MUC de Stanislas Cannes), aidez-le à pondérer les critères et l’importance de chacun, et …. à faire le bon choix !

Face à toutes ces questions, la Direction de Stanislas et l’équipe enseignante sont à votre entière disposition pour contribuer à cette réflexion personnalisée et tenter de vous aider à trouver votre voie ou celle de votre enfant. Pour conclure sur une citation de Mark Twain : « Les deux jours les plus importants de votre vie sont le jour où vous êtes né et le jour où vous découvrirez pourquoi »…."

Article écrit par : 
Boris Bellini (Professeur de Physique/Chimie et Professeur principal de MPSI
Philippe Pilato (Professeur d’Anglais et Professeur principal d’ECE 1)
Franck Moreau (Chef d’établissement adjoint Enseignement Supérieur)

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1 CGE : Conférence des Grandes Ecoles. Source : L’insertion des diplômés des Grandes Ecoles. Résultats de l’enquête 2015.

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